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Une étrange rencontre [PV Aendel]

Lethril Ayelwen

Lethril Ayelwen
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Localisation : Skellige
Mar 20 Juin - 13:48
Une journée calme après une nuit en pointillés, due aux vents de neiges sur les hauteurs du canyon. J’aime ce son, j’aime les paroles qu’il amène. Un jour peut-être il m’apportera un message de mon bien-aimé Gelebor. Notre petit contingent s’est agrandi en quelques mois, j’ai huit disciples, bien malgré moi. Je m’étais éloignée des villes et villages pour vivre en recluse, et voila que j’attire l’attention et qu’on veuille suivre mon enseignement. Nous nous sommes organisées en petites huttes de bois, se servant des coques de bateau et des outils abandonnés il y a désormais plusieurs années. Maintenant que nous sommes plusieurs, nous avons pu nous servir du bois à disposition pour nous construire des palissades. Ce sont les deux plus anciennes qui montent la garde. Un brasero immense est au centre de la cour de notre territoire. Il y a aussi des braseros tout autour du campement et un foyer dans chacune des huttes. Pour ma part, le feu me sert surtout à prier Auri-El, je ne crains pas le froid. Nous avons également érigé une tourelle en nid d’aigle pour surveiller la mer et ses dangers. Personne n’aime retrouver des Echidnés ou des Sirènes dans son jardin.

Ce monde a quelques créatures qui n’existaient pas en Tamriel, les Sirènes notamment. Il y a aussi ces noyadés, créatures fourbes et sans émotion qui sont d’autant plus dangereuses dans l’eau. La nature semble aussi avoir été épargnée par la main de l’homme, elle est toute aussi crainte qu’à mon époque ici. Et il y a un culte de la nature vivante, qu’il n’y avait pas en Tamriel, du moins pas en Bordeciel. Enfin des humains qui ont appris à vivre en cohésion avec elle et non contre elle.

Alors que le soleil décline doucement pour se dissimuler dans les falaises, je suis alertée par la vigie. Je me rends à l’endroit qu’elle désigne avec deux aspirantes. Encore une bonne partie du corps dans l’eau glacial, un homme est étendu sur le sable, son armure fissurée et grièvement blessé. Alors que nous nous approchons du corps, les noyadés débarquent pour réclamer leur butin. Les aspirantes sortent leur dague et je sors mon arc. Je tire quelques flèches pour les forcer à retourner dans l’eau. « C’est ça dégagez, trouvez vous un autre festin » Après avoir vérifié qu’il respirait encore, nous l’avons placé sur une civière et emmené dans le temple d’Auri-El, une cabane qui se sert d’une cavité dans la roche. Nous nous sommes affairées auprès de lui pour déjà le réchauffer et soigner les blessures les plus graves. C’est un elfe, oui… Comme moi… Un Mer. Un altmer à première vue. Une fois ses blessures nettoyés et soignés, je suis restée dans le temple à prier.

Aendel de Lillandril

Aendel de Lillandril
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Localisation : Toussaint
Mar 20 Juin - 21:05
La douleur, d'abord. Vive. Intense. Comme un rappel des dieux que la vie n'est pas éternelle et que son prix peut parfois être élevé. Puis un parfum. Sucré. Celui de l'encens que l'on brûle en offrandes à ces mêmes divins. La fumée me pique la gorge mais c'est une sensation agréable qui me rappelle que je ne suis pas mort. L'esprit encore embrumé, j'essaie de rassembler les bribes de souvenirs de ces derniers jours. L'exercice est plus complexe qu'il n'y parait... Je me revois partir en mission avec Olgierd et la Compagnie Libre. Une opération simple : empêcher une jeune femme de rejoindre le lieu de sa destination, l'enlever et la livrer aux portes d'un couvent. Je nous revoit l'approcher, je me remémore son regard, d'abord incrédule, ensuite apeuré. Puis le poids de la culpabilité... Mais je suis un mercenaire, à présent. On me paie pour accomplir une tâche et ne pas poser de question. Olgierd peut me permettre de retrouver Milwën, ultime espoir après ces longues années de solitude. Nous avons compris bien trop tard qu'il s'agissait d'un piège. Je revois les griffes se refermer lentement sur nous. Tout le reste demeure flou... Le combat qui s'en suit, le bruit des armes qui s'entrechoquent, la douleur que connaissent tous les guerriers livrant un combat inégal. L'azur de l'eau comme unique chance, le froid saisissant mes muscles, la suffocation... puis, enfin, le vide.

Mes yeux s'ouvrent soudainement, soubresaut d'instinct de survie au milieu de ces méandres de ténèbres, et je tente de me redresser. Piètre idée ! Le vertige et la nausée qui s'emparent de moi sous le coup de la souffrance me poussent à laisser ma tête retomber sur l'oreiller alors que mon corps tremble encore de froid. Une étrange impression de déjà-vu me vient en mémoire, souvenirs d'une expérience passée que je pensais pourtant oubliée depuis longtemps. Je m'attendrais presque à voir Diane apparaitre devant moi, un plateau d'argent à la main. Non, cette époque est passée depuis longtemps ! Ma vie sur Nirn remonte à des années, je dois me faire une raison. C'est seulement à cet instant, alors que je commence à reprendre pied, que je réalise que mes plaies ont été pansées. Des onguents et des bandages protègent mes blessures avec soin tandis qu'une couverture semble avoir été déposée sur ma peau glacée. Le feu qui brûle à mes côtés m'apporte un réconfort étrange et je lève les yeux pour tenter de comprendre d'où vient cette impression. Il me semble que je suis dans un temple. J'embrasse l'endroit du regard et me fige en découvrant la petite statue à l'effigie d'Auri-El qui trône dans un coin de la pièce.

Non, je dois rêver... Le culte de nos ancêtres est mort avec Nirn, nos dieux nous ont abandonné ! Ceux qui prient encore nos divins dans ce monde ne doivent se compter que sur les doigts d'une main, comment un Temple pourrait-il accueillir les adeptes de l'ancêtre des Mers ? Oui, j'hallucine, c'est là la seule explication. Inspirant profondément, je détourne le regard et c'est là que je la vois. Une silhouette, fine et élancée. Elle me tourne le dos mais je distingue deux oreilles pointues sous ses cheveux d'argent. Tinùviel ! Non, là encore c'est impossible ! Tinùviel est morte bien avant le Numidium. Elle a périt sous la main du Thalmor. Mon esprit me joue des tours, ce doit être la fièvre qui me fait délirer. Tout ceci n'est qu'un terrible mirage alors que la mort m'emporte, je ne vois pas d'autres explications ! Pourtant, la silhouette se retourne. Elle a dû m'entendre m'agiter... Son visage prend forme devant moi mais je ne vois que ses yeux. Deux iris d'un bleu profond qui rencontrent les miens, d'un orange crépusculaire, comme la glace se fondrait dans le feu. Je sens mon coeur louper un battement en constatant ce qu'elle est. C'est une Falmer, je pourrais le jurer ! Ma raison vient pourtant me rappeler que c'est peu probable. Les elfes des neiges ont disparu bien avant ma naissance, leur ethnie s'est éteinte par la trahison des Dwemers. Oui, le délire s'est véritablement emparé de mon être. Je la vois se redresser et je tente d'articuler quelques mots mais les bourdonnements dans mes oreilles s'intensifient, me poussant à lutter pour ne pas replonger dans l'inconscience. Fut un temps, j'aurais prié Auri-El, Trinimac, Magnus, Syrabanne, Arkay ou n'importe quel divin de me venir en aide mais j'ai trop perdu la foi pour me laisser aller à cette folie. Les dieux ne nous aideront pas. Ils ne l'ont jamais fait ! Quant à moi, je ne veux pas mourir... Je ne DOIS pas mourir ! Milwën est peut-être là, quelque part... Seule. Je dois retrouver ma fille !

Lethril Ayelwen

Lethril Ayelwen
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Localisation : Skellige
Mar 20 Juin - 21:37
J’entends des râles et une respiration saccadée, des bruissements des épaisses fourrures et les frottements des bandages tout justes attachés. Il me faut encore quelques minutes pour sortir de mes prières ferventes avant de me redresser, dégager ma longue chevelure d’argent vers l’arrière et réajuster ma robe de fourrures et d’un tissu qui semble léger mais chaud.

Je me retourne, je croise son regard. Mes yeux s’écarquillent avec un o de surprise sur les lèvres. Je lui souris doucement. Il semble complètement perdue et inquiet. Son souffle est court, rapide et saccadé. Je m’approche doucement. Je m’agenouille à son chevet et je pose une main sur sa joue.

- Qui que tu sois… Tu n’es pas en train de rêver… ni de voir des choses qui ne sont pas. Tu reviens de loin, alors reposes toi…

J’attise le feu et je prépare un mélange liquide dans lequel je trempe une pièce de tissu blanc. Je l’essore et je reviens vers lui, tout aussi doucement. Je lui montre ce que je compte faire, éponger son visage avec, puis je commence par ses joues et son front.

- Il semble que les Dieux aient voulu que tu vives… Sinon, pourquoi aurait-il voulu que tu échoues près de mon camp ? Que je te trouve et que je m’occupe de panser tes blessures ? Tu dois avoir une mission à accomplir… Mais en attendant… Tu dois te reposer et reprendre des forces…

Quelques cristaux de glace se posent sur son visage en sueur, le mélange de plantes présent sur la pièce de tissu devrait lui permettre de s’apaiser et de faire baisser la fièvre. Je me redresse et je pose la pièce de tissu près de l’âtre. Une de mes disciples fait irruption dans la pièce, ses murmures me parviennent mais ne peuvent parvenir à notre rescapé. Elle m’annonce qu’un blizzard approche. Il y avait longtemps que les blizzards ne descendaient pas dans ce canyon. Je lui ai alors demandé de prendre les mesures, que je ne pouvais pas m’en occuper pour le moment.

Je reviens vers mon invité. Je crois qu’il s’est endormi. Je sais déjà que lorsqu’il se réveillera, dans quelques heures, la tempête hurlera sa fureur polaire pour la nuit.

Aendel de Lillandril

Aendel de Lillandril
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Mar 20 Juin - 22:16
Elle s'est approchée et je parviens à distinguer ses traits un peu plus distinctement en dépit de mon état. Oui, c'est bien une Falmer, je n'ai plus aucun doute là-dessus. Sa main se pose sur ma joue et je me crispe a son contact glacé. J'ai l'impression que ma tête va exploser mais je ne veux pas céder au sommeil. Je dois me lever ! Mes muscles refusent pourtant d'obéir aux injonctions claires de mon cerveau, comme si je me débattais dans un corps de pierre. C'est alors que sa voix me parvient, douce et pourtant caverneuse. Je ne suis pas vraiment certain de ses mots et malgré tout, son timbre m'apaise un peu. Je crois que la femme elfe s'est éloignée pour revenir à nouveau et je sens un tissu froid sur mon front brûlant. C'est agréable. L'effet en est presque instantané. A nouveau, l'inconnue au teint d'albâtre s'adresse à moi mais cette fois, ses paroles se fraient un chemin dans mon esprit. Les dieux... Les dieux n'ont rien à voir là dedans. Je voudrais le lui dire mais mes propres mots se prennent dans ma gorge pour déclencher une quinte de toux. Je dois retrouver Milwën ! Il faut que je me lève ! Je sens mes muscles se détendre mais c'est pour mieux céder à la fatigue qui m'assaille soudainement. Non, je ne veux pas dormir, je n'ai pas le temps. Je dois accomplir la mission et retrouver Olgried, lui seul peut me conduire à Yennefer et elle seule est assez puissante pour m'aider. Je ne veux pas dormir... Je.... Ne.... Veux pas...

Le sifflement du vent me réveille en sursaut. J'ignore combien de temps il s'est écoulé depuis ma dernière prise de conscience mais j'ai l'impression d'être plus alerte. Et surtout, la douleur semble d'être apaisée bien qu'elle n'ait pas entièrement disparu. Je pose calmement ma peau contre mon front et je constate ce que je soupçonnais déjà : la fièvre est tombée. Encore un peu fébrile, je tente de prendre appuie sur mes coudes et me redresse légèrement pour finalement m'assoir. Ce que j'ai vu la dernière fois est bien réel, je me trouve dans un temple où se dresse l'effigie d'Auri-El. Je n'aurais jamais pensé voir un vestige de notre monde ici. Le souvenir de la Falmer se rappelle à moi et je crois d'abord que je l'ai rêvée mais un mouvement sur ma droite me révèle que je ne suis pas seul.

La jeune femme est là, toute occupée à ses prières. Je ne suis pas certain qu'elle m'ait vu et j'ignore si je dois l'interrompre mais je n'en ai de toutes façons pas l'occasion. Une fois de plus, sa silhouette se tourne vers moi et ses lèvres s'étirent en un sourire bienveillant.

- Vous... Vous êtes une Falmer ?

La réponse me parait évidente, bien qu'invraisemblable, mais je ne parviens pas a articuler quoi que ce soit d'autre tant la surprise me submerge.

- Comment est-ce possible ?

Ma voix est rauque, ma respiration encore un peu courte. Dehors, le vent semble frapper la pierre avec la violence d'une horde affamée. M'aventurer dans la neige dans ces conditions serait du suicide. Mon esprit se divise entre l'incrédulité de faire face à une telle créature et la nécessité de quitter ces lieux au plus vite mais c'est la première émotion qui l'emporte.

- Par les divins, comment est-ce possible ? Insistai-je en secouant lentement la tête.

J'attends que sa voix résonne a nouveau, comme une preuve de son existence. Je n'ai pas rencontré beaucoup de survivants de notre monde et cette nouvelle familiarité me semble rassurante mais tout me semble si irréel ! Je lui dois pourtant la vie. Mais malgré cette rencontre improbable, je devrai repartir dès qu'il me le sera possible. Qu'importe son discours sur la volonté des dieux !

Lethril Ayelwen

Lethril Ayelwen
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Mar 20 Juin - 22:46
Je suis retournée à ma prière. La tempête je l’avais vu en rêve, les Dieux m’envoient des rêves qui se réalisent depuis que ma vie ici a commencé. Je ne crois pas en Freyja mais en Akatosh, je ne crois pas en les Dieux de Skellige, mais je trouve leur équivalent dans les miens. Personne ne me l’a reproché, et les gens qui auraient voulu ont sans doute trouvé leur compte dans ma propre dévotion.

Je sens à nouveau que mon hôte se meut. Je reviens vers lui avec un sourire doux et bienveillant. Le cristal de mon front luit d’une douce lumière blanche, à cause du fort blizzard qui hurle à l’extérieur.

-N’aies crainte… C’est la nature qui hurle sa colère froide cette nuit… Ce temple en a vu d’autres. Il a une partie renfoncée dans la pierre, une protection efficace…

Je reviens vers lui et je place une cuillère en bois dans une casserole au-dessus du feu. Je mélange soigneusement avant de sortir la cuillère et d’y mettre une sorte de louche et d’y sortir un mélange de légumes et d’herbes dans une auge en bois. Je reviens vers lui en y plongeant une petite cuillère en bois. Sa remarque sur mon engeance me fait sourire un peu plus, laissant un voile de tristesse saturer le bleu de mes yeux.

- Je préfère l’appellation Elfe des Neiges, jeune elfe…Les… Falmer… Pour moi sont mes frères qui se sont perdus dans les ténèbres de la captivité… Ce que nous appelions les « Trahis »… Ceux qui ont été trompés par la fausse amitié des Dwemer et qui en sont venus à massacrer leurs propres frères, dans le grand temple d’Auri-El de Bordeciel et d’ailleurs…

Je le regarde tendrement et je lui tends la soupe.

- C’est une soupe avec quelques légumes et des plantes médicinales pour que tu récupères plus vite. Il te faudra certainement jouer de patience, ton corps a été grièvement diminué à certains endroits… Il te faudra du temps et reprendre de l’endurance avant que tu reprennes ta quête… Je sais que tu ne veux pas l’entendre, mais tu aurais du mourir… Et ta quête aurait pris fin…

S’il l’accepte, je l’aide à prendre quelques gorgées du liquide chaud et bienfaisant.

- Eh si, c’est possible… Je suis la dernière Elfe des Neiges et la Première sur ce continent… Je me nomme Lethril…

Aendel de Lillandril

Aendel de Lillandril
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Mar 20 Juin - 23:31
Elle est donc bien réelle, ce n'est pas le fruit de mon imagination. J'ai été maladroit en lui parlant des siens, l'éclat de nostalgie qui apparait dans ses yeux cristallins me le confirment. J'ai pourtant déjà rencontré un survivant de leur peuple, le gardien du sanctuaire d'Auri-El. Je ne devrais pas être tant surpris mais le fait que cette jeune femme ait échappé par deux fois à l'annihilation demeure impressionnant.

- Veuillez m'excuser, je ne voulais pas être si abrupte ni vous blesser.  

L'histoire des Trahis est un épisode que de nombreux elfes connaissent, du moins en partie. Quiconque a un temps soit peu étudié l'Histoire des Mers a entendu parler de Saarthal et du triste sort de nos cousins des neiges.

Pensif, je la laisse poser le breuvage fumant devant moi et accepte d'en avaler quelques gorgées avec son aide. Ses paroles sensées me font l'effet d'une détonation. Cette jeune femme vient de me sauver la vie, moi, un parfait inconnu. Une fois encore, la mort m'a rejeté. Il va me falloir accepter à prendre sur moi si je veux mettre toutes les chances de mon côté et retrouver mes forces. La soupe me réchauffe le corps et soulage mon estomac plus que je ne l'aurais pensé tandis que la jeune femme adopte des gestes lents et précis. "Lethril"... Je peux enfin mettre un nom sur ce visage et nommer ma sauveuse comme il se doit. Saisissant le poignet de la jeune femme de manière douce mais ferme, je plante mes yeux dans les siens.

- Je vous remercie, Lethril, dis-je simplement. Mon nom est Aendel. Aendel de Lillandril.

Il me semble la voir acquiescer légèrement puis elle poursuit ses gestes, portant la cuillère à mes lèvres afin de m'aider à boire ce liquide nourrissant. Je me sens déjà un peu mieux mais je ne dois pas forcer. Lethril a raison, je reviens de loin...

- Ne prenez pas ma question pour de l'ingratitude, repris-je après quelques minutes de silence. Je vous suis vraiment reconnaissant de m'avoir sauvé mais... Pourquoi m'avez-vous aidé ? Vous ne me connaissez pas, je ourrais tout aussi bien être un bandit de grand chemin ou pire.

Lethril Ayelwen

Lethril Ayelwen
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Mer 21 Juin - 8:19
Le voila qui se rend compte qu’il avait été un peu brute et qu’il s’en excuse. Je fais non de la tête, lui faisant bien comprendre qu’il n’y a pas eu d’offenses. Je pense qu’il vient de réaliser ce qu’il se passe et que l’épais brouillard de l’inconscience qui le maintenant entre deux eaux est désormais levé. Je sais, ce que c’est de devoir se réadapter après un tel trouble, moi-même je suis passée par là.

Une fois une bonne partie de la soupe avalée, je pose l’auge sur une petite table à côté du lit, il me prend alors le poignet, non sans douceur, mais d’une poigne faible que j’ai un léger mouvement de recul. Il se présente après m’avoir remerciée. Je reprends mon sourire. Je pose ma main sur la sienne.

- Enchantée Aendel. Permets-moi de t’aider à te réallonger le temps que je m’assure que tes bandages sont toujours en place.

Une fois fait, j’inspecte soigneusement les pansements, réappliquant parfois quelques gouttes d’une huile sur certains d’entre eux. Une fois terminée, s’il le désire, je le réinstalle dans une position plus confortable. Le blizzard fait rage dehors, j’espère que le brasero de dehors va tenir le choc et qu’il ne va pas s’éteindre comme une flammèche.

- Même si je suis la dernière des Elfes des Neiges, je ne voulais pas abandonner… Le Culte d’Auri-El… Cela a du vous surprendre la statuette et les allures de temple de cet endroit…Je sais que notre monde n’est plus, que le Numidium déverse sa colère sur Nirn et que personne n’en est arrivé à bout… Mais vous êtes la preuve que certaines de mes prières ont été entendues, que des représentants de nos engeances ont survécu… Peut-être que… D’autres Elfes des Neiges ont pu échapper aux Dwemer puis au Numidium et venir ici…

Quand je dis ça, je pense à mon doux Gelebor, même si le temple d’Auri-El n’a pas du réchapper au Numidium, je veux y croire, je veux penser qu’il a survécu, même si c’est quasiment impossible. Quand mes yeux croisent ceux de mon invité, je vois qu’il perçoit ma peine, je me relève et je prends quelques instants pour retourner au feu, essayer de reprendre une mine neutre. C'est alors que j'entends sa question. Je ne peux pas m'empêcher de me retourner avec un sourire amusé.

- Les elfes ici sont autant appréciés ici que par chez nous...Il y a eu bons nombres de guerres, d'escarmouches entre les humains et les Mers de ce monde, la plupart d'ailleurs ont entièrement disparu. Je pense qu'il n'y a aucun hasard et que les Dieux ont voulu que je te rencontre et que je t'aide à vous rétablir... Peut-être veulent-ils que je t'aide dans taquête qui sait? Quoiqu'il en soit tu n'as pas l'air d'être un bandit, mais plutôt un guerrier de fortune... Et tu es un Mer, de Nirn de surcroît, donc quelque part de ma famille éloignée, alors, je ne pouvais clairement pas t'abandonner à ton sort!

Aendel de Lillandril

Aendel de Lillandril
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Mer 21 Juin - 13:45
Rester assis est un effort plus difficile que je ne l'aurais pensé et c'est avec un soulagement retenu que je repose lentement ma tête sur l'oreiller tandis que Lethril vérifie mes bandages. Elle semble savoir ce qu'elle fait ne marque aucune hésitation, adoptant des gestes presque chirurgicaux. Je la laisse défaire les pansements pour réappliquer ses herbes et ses philtres, et je profite de la situation pour observer mes blessures. Par les dieux, je suis en plus piteux état que que ce que je croyais ! De nombreuses plaies et hématomes parcourent mon corps, sans compter les lésions qui ne se voient pas de l'extérieur. Fermant les yeux, je laisse échapper un profond soupire désabusé. De nouvelles cicatrices vont venir recouvrir les plus anciennes, c'est inévitable. Lethril doit apercevoir mes stigmates mais elle ne me pose aucune question, ce qui est bienvenue. Les tortures subies aux mains du Thalmor remontent à de nombreuses années mais elles n'ont jamais vraiment quitté mon esprit et je ne veux pas revivre ces souvenirs douloureux. Pour ma part, je n'émets aucune remarque sur la profonde nostalgie qui traverse ses iris alors quelle évoque son sort et je n'ose la questionner sur son histoire. Je commence a comprendre d'où peut venir sa dévotion. Lethril a perdu son monde par deux fois et s'est accrochée aux bribes de son passé pour ne pas se perdre. Je ne me figure que trop bien cette nécessité et pourtant, je n'ai pas vécu la moitié de ses épreuves. C'est pourtant dans la foi que la jeune femme s'est plongée alors que moi, je me suis laissé dévorer par la colère.

Mon regard se perd à nouveau dans la pièce et vient se poser sur l'image d'Auri-El. A croire que tout me ramène à lui ! "Le miraculé d'Auri-El", voilà comment l'on me surnommait au lendemain de la Grande Guerre pour avoir été le seul rescapé de la bataille de l'Anneau Rouge. Plus tard, c'est une élue d'Akatosh qui m'a sauvé la vie et aidé à retrouver ma famille. Quand Tinùviel et Elianorë ont été tuées, je me suis retrouvé dans le Sanctuaire d'Auri-El où un prêtre m'a empêché de perdre pied et je suis presque certain que ma survie est due a une cassure du temps d'Akatosh qui m'a permis de fuir le Numidium. Voilà qu'aujourd'hui, une prêtresse du dieu me recueille et me soigne dans son temple, m'arrachant une fois de plus aux griffes de Sithis. Lethril a peut-être raison. Peut-être les divins ne m'ont-ils pas abandonné...

Sa voix résonne une nouvelle fois pour répondre à ma question et ses paroles me surprennent. Elle ne cesse de parler de ma soi-disant quête, comme si mon chemin était tracé à l'avance par des forces supérieures. Mais ma seule ambition est de recouvrer mes pouvoirs, qui semblent endommagés depuis ma venue dans ce monde, afin localiser Artaeum et retrouver ma fille ! Je ne peux pas échouer, pas encore ! Comme le souligne l'elfe des neiges, ce monde est particulièrement hostile envers les nôtres malgré les lois. Il m'a fallut redoubler d'efforts pour en arriver là. Milwën est une puissante mage mais l'idée de l'imaginer seule face à la perversions des humains me terrifie. Malgré tout, une lueur d'espoir vient de naître et je décide de m'y accrocher. Est-il possible que Lethril puisse réellement m'aider ? A nouveau, je croise son regard de glace :

- Je vous remercie, répétai-je avec la plus grande sincérité. Grâce à vous j'ai une chance de retrouver... ma fille.


Ma voix tremble et je déglutis difficilement, ravalant les larmes que je sens poindre à mes yeux. Je ne sais rien de cette elfe et pourtant, j'ai l'intime conviction que je peux lui faire confiance. J'imagine qu'elle n'aurait pas pris le temps de me soigner si ses intentions avaient été mauvaises... Alors, contre toute attente, je choisis de me laisser aller à la confidence et laisse défiler le cours des évènements qui m'ont menés ici :

- Je... J'étais membre des Psijiques. Nous avons perçu la menace du Numindium avant qu'elle n'éclate mais nous n'avons rien pu faire  pour sauver Nirn. J'ignore si c'est ma magie qui m'a fait atterrir dans ce monde ou si ma venue n'est qu'un pur hasard, toujours est-il que ma fille était sur Artaeum. Depuis que je suis dans ce nouveau monde, ma magie semble être... bloquée... ou du moins grandement diminuée, et je n'ai aucun moyen de savoir si les autres Psijiques ont survécu. Si... Si ma fille... est...

Les mots restent bloqués dans ma gorge. Je ne veux pas penser à cette éventualité ! Milwën ne peut pas être morte ! J'ai vécu bien plus longtemps que la plupart des Altmers, j'ai vu de nombreux proches partir pour l'Aetherius et je sais que je ne pourrais pas supporter ce nouvel échec.

- Je suis ici depuis quelques temps maintenant, j'ai bataillé pour survivre et j'ai même dû fréquenter des ghettos elfiques. Un Mer de ce monde m'a parlé d'une puissante magicienne nommée Yennefer, je me dis qu'elle pourrait peut être me venir en aide...

Parler m'aide à ne pas m'effondrer. Je reconstitue le fil de mes choix pour leur donner une consistance, maigre tentative de ne pas me laisser submerger. Lethril a déjà fait beaucoup pour moi, je ne peux lui demander de m'assister d'avantage, c'est une chose que je me refuse.

- Lorsque je serai en état, je reprendrai ma route, repris-je finalement en soutenant son regard. Mais je tiens d'abord a payer ma dette. Demandez-moi ce que vous voudrez, Lethril, et je vous promet d'honorer votre souhait une fois que j'aurai recouvré mes forces !

Mon affirmation résonne comme un serment solennel. Nos origines sont similaires, je ne suis pas un elfe des neiges mais le sang des Mers circule dans mes veines. J'ai besoin de savoir que je ne suis pas seul et j'imagine qu'il en est de même pour Lethril. Je veux l'aider comme elle vient de le faire pour moi. Plus que de me sauver la vie, elle m'a donné une nouvelle chance de retrouver ma fille et c'est là la chose la plus inestimable à mes yeux.

Lethril Ayelwen

Lethril Ayelwen
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Mer 21 Juin - 18:39
Lui aussi, il a eu son lot de malheurs j’ai l’impression, ces marques, ces signes, le Thalmor a du lui faire bien des misères. Ou pire.
Alors il me remercie et me parle alors de sa fameuse quête. Retrouver sa fille, sa chair et son sang. Je perds mon sourire, que j’aurai aimé que mon fils vive plus longtemps. Je ferai tout pour qu’il retrouve sa progéniture, déjà le soigner, et le rendre fort. Nos regards se croisent à nouveau et il me parle de lui, de ce qu’il est, de ce qu’il a vécu. Un Psijique, j’en ai croisé deux. On aurait tellement du les écouter, on serait peut-être encore une belle et grande nation.

Sa magie est bloquée ou diminuée. Je ne pense pas que ce soit l’effet de ce nouveau continent, la mienne est restée intacte et s’en trouve renforcée dans ces contrées polaires. Je ne suis qu’à peine surprise par le fait que les Psijiques ont senti le réveil du Numidium bien avant. J’ai senti le monde changer, Notre déchéance, la trahison des Dwemer, notre chute, la fin d’une ère. A ma manière je savais dès mon plus jeune âge que la décision des Grands allait amener à la fin.

J’écoute son histoire, attentivement. Quand l’émotion l’étreint trop fortement à l’idée que sa fille pourrait être morte, je pose ma main sur sa joue à nouveau.

- Aendel, si ta fille a ta force d’esprit et des pouvoirs qu’elle n’a pas perdu, elle est à l’abri quelque part, elle est réfugiée, j’en suis intimement convaincue. Peut-être sur un autre plan d’existence, car tout comme toi elle descend des Psijiques…


Rigel, mon fils, tu as rejoint un monde meilleur dans l’Aetherium. Tu n’aurais pas eu une belle vie ici-bas, le monde est fou, notre monde n’existe plus. Quant à sa fille, je l’aiderai, du mieux que je puisse.

Quand il me parle de Yennefer, mon sang ne fait qu’un tour. Je me tiens éloignée des humains qui pratiquent la magie, même si celle-là m’a surprise quand elle a aidé à combattre des ennemis puissants.

- Yennefer, oui… Je la connais… Pas personnellement… Elle est d’une grande puissance, c’est vrai, mais je ne pense pas qu’elle pourrait t’aider…

Il risque de m’en vouloir mais je mets un point d’honneur à toujours parler en toute transparence. Il y a peu de temps qu’il s’est réveillé mais j’ai déjà mon idée sur le personnage.

- La solution est en toi… Tu as tellement passé de temps à la rechercher ailleurs… Mais moi je pense que c’est toi qui te bride… Oui, c’est vrai, je ne te connais pas, mais il m’a toujours fallu peu de temps pour voir… Le caché, l’invisible… Chez quelqu’un.

Quand il me parle de repartir je me fige légèrement, du moins je ralentis mes gestes avant de m’arrêter. J’affiche un léger sourire en coin forcé, et je pousse dans un murmure « bien sûr… Tout le monde finit par partir… » avant de le laisser continuer sur le fait qu’il veuille payer sa dette. Je fais non de la tête.

- Tu ne me dois rien Aendel. Mais laisse-moi t’aider… Te permettre de retrouver ta fille m’est plus important que tu peux l’imaginer… Moi aussi j’ai eu un fils un jour… Je n’ai pas su le protéger. Je n’ai pas… Eté à la hauteur… Alors si je peux retrouver ta fille, pour toi et pour conjurer le sort, je le ferai…

Aendel de Lillandril

Aendel de Lillandril
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Date d'inscription : 16/10/2022
Age : 29
Localisation : Toussaint
Jeu 22 Juin - 13:42
Ses mots me touchent et parviennent, une fois de plus, à me calmer. Oui, Milwën est une jeune fille pleine de ressources, intelligente et débrouillarde. Elle tient ça de sa mère, Solhenna. C'était une mage prometteuse qui aurait pu se faire son nom au sein de l'ordre si son esprit n'avait pas été corrompue par le parti du Thalmor. Si j'avais su voir ce qu'elle était devenue et le but dérisoire mais dangereux qu'elle poursuivait... Malgré la douceur de Lethril, je ne peux m'empêcher de me raidir lorsqu'elle pose à nouveau sa main contre ma joue. Elle ne peut pas deviner ce que j'ai subit, elle ignore à quel point les contacts physiques me sont parfois difficiles. J'essaie de ne pas le lui montrer et je poursuis mon histoire, comme si j'avais ouvert des valves pour laisser échapper un flot impossible à contenir à nouveau.

Je la vois faire la moue lorsque je prononce le nom de Yennefer. J'ignore s'il s'agit de méfiance envers la magicienne. On me l'a décrite comme terriblement puissante et envoûtante. Nombreux sont les hommes a avoir eut envie de se damner pour la sorcière, mais je ne suis pas un humain. Ces futilités ne me concernent pas, je veux juste comprendre ce qu'il m'arrive. Lethril est sceptique, elle pense que mon blocage est dû à quelque chose en moi. Je l'ignore... Je veux explorer toutes les possibilités et me donner les meilleures chances. Que ma situation soit dû a l'explosion de magie qui a résulté du Numindium ou a quelques chose de plus profond, je dois en avoir le coeur net et l'aide de toutes les personnes compétentes me sera précieuse. L'elfe des neiges possède quelques connaissances médicinales mais j'ignore l'étendue de sa magie. Et quand bien même, Lethril vient de Nirn. Ses dons sont propres à notre monde. Maîtrise-t-elle vraiment les lois magique de celui-ci ? Alors que je parle de mon départ prochain, je l'entends murmurer quelque chose. "Tout le monde finit par partir" est la phrase qui me vient subtilement aux oreilles. Combien de personnes cette femme a-t-elle perdu dans sa vie ? Mon coeur se serre malgré moi mais pour autant, je ne peux pas lui proposer de m'accompagner. De même que je ne puis rester, quand bien même je le souhaiterais. D'autres personnes comptent sur moi.

C'est alors que j'entends ses mots. Je me fige, incrédule. Ai-je bien entendu ? Lethril a décliné mon offre mais me propose de m'aider à retrouver ma fille. Une proposition mue uniquement par l'empathie et les souvenirs de son fils défunt. Je réalise alors que je n'ai eu de cesse de parler mais j'ignore tout de cette elfe et de son histoire. Je sais seulement que des souffrances similaires nous rapprochent. J'ai perdu mes deux premiers enfants et j'ai survécu à l'annihilation, tout comme elle. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me sens plus vraiment isolé dans mon malheur. C'est une pensée égoïste, je le sais.

- Je suis désolé pour votre fils, émis-je comme une politesse sonnant creux.

Rien ne peut combler la perte d'un enfant, rien ! Les mots sont bien peu de choses... Plus tard, je la convaincrai de renoncer à sa proposition. Ma quête est dangereuse, d'autant que j'ignore si certaines menaces de Nirn m'ont suivies ici... Solhenna, le Thalmor, les Daedras... Mon voyage peut être dangereux et je ne veux pas troubler le calme apaisant que Lethril est parvenue à construire. Mais pour l'heure, je veux qu'elle puisse, elle aussi, se libérer et abandonner cette culpabilité vaine :

- Je ne vous connais pas mais j'ai vu la ferveur avec laquelle vous avez pansé mes plaies. Je pense pouvoir deviner quel genre de personne vous êtes et je doute fort que vous soyez à blâmer pour la perte de votre enfant.

J'aimerais que ces mots aient le même sens pour moi, mais cela me semble impossible. Elianorë a été tuée devant mes yeux par le parti, tout ça pour me faire souffrir. Quant à Amenos... Je l'ai condamné à une vie d'exil pour le protéger de la colère de Molag Bal, un destin qui aurait pu lui être évité si j'avais eu le courage d'affronter mon père plus tôt. Je suis à blâmer pour n'avoir pas su les protéger, pour les avoir laissé payer les conséquences de mes actions ! Je ne veux pas que cela se reproduise avec Milwën ! Mais je me suis assez étendu sur mes malheurs. Je tourne mon visage grave vers Lethril et plonge à nouveau dans son regard. je veux être certain qu'elle comprenne que je ne me désintéresse pas de son passé :

- Lethril, comment avez-vous échappé au sort des trahis puis au Numidium ?

Lethril Ayelwen

Lethril Ayelwen
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Date d'inscription : 18/06/2023
Localisation : Skellige
Jeu 22 Juin - 19:50
J’ignore les épreuves qu’il a du enduré, les tortures qu’on lui a fait ressentir, morales ou physiques, mais une chose est sûre, on se ressemble et je ne peux pas le laisser tomber à son sort. Dans son entêtement, il ne voit pas tous les dangers et il finira par vraiment y rester. Et sa fille sera vraiment seule. Il est dubitatif quant à ma théorie que c’est lui qui se bride. Mais je comprends également sa démarche, trouver toute l’aide possible et imaginable pour arriver à ses fins. Sauf que lorsque Yennefer de Vengerberg aide quelqu’un, sauf si on est dans ses petits papiers, ce n’est jamais gratuit, et si elle apprenait ce qu’un mage Psijique peut faire, Mon Dieu que le tribut sera élevé…

Je pense aussi qu’il doute de mes réelles capacités. Lui étant bloqué, penserait-il que ma magie l’est aussi ? Les capacités des elfes des neiges peuvent être moindres quant aux Psijiques, mais nous n’en sommes pas pour autant insignifiants, m’indignai-je intérieurement. Je suis la dernière héritière des Elfes des Neiges qui ont régné sur une partie de Nirn, j’ai connu cette époque, certes je n’étais qu’une petite fille, mais je l’ai vu, la puissance, la connaissance, la prospérité d’un monde presque parfait.

Quand il me dit désolé pour mon fils, je sens qu’il essaie d’être sincère, mais ça sonne creux. Le protocole elfique, franchement quelle inutilité, moi qui préfère l’authenticité au rôle.

De quoi a-t-il peur ? Des dangers qui pourraient m’attendre en l’aidant ? Mais il n’a aucune idée de ce que j’ai traversé, les dieux, les monstres, les humains, les autres elfes… j’ai déjà tant enduré. Croit-il que cette paix ici, est réelle ? Non, elle est illusion, on doit se battre tous les jours contre des bandits ou des monstres, on doit se battre pour rester en vie constamment, mais le froid, les contrées hostiles, font parties de ma vie.

Quand il dit que je n’étais pas à blâmer quand mon fils est mort. Si. Je le suis. Et il est plutôt mal placé pour faire ce genre de remarques.

- On me l’a arraché de mes bras et de mon sein… j’aurai préféré milles fois mourir à sa place… Toi, tu as encore ta fille en vie… Quelque part… Mais que veux-tu, c’est le passé… Nous ne pouvons rien y faire si ce n’est de continuer à avancer et d’essayer d’éviter que d’autres tragédies de ce genre n’arrivent…


Il ne peut pas comprendre, il est un homme. D’autre part, il a peut-être perdu sa fille, mais c’est juste de vue. Il est très jeune pour émettre des jugements, même si son corps et ses yeux retracent une vie de combats et de malheurs.

De nouveau dans ses pensées, je retourne vers l’âtre. J’y jette une poussière qui fait que les flammes deviennent immédiatement d’un bleu électrique. Et elles durent. Je me remets à prier quelques instants. Les flammes dansent et semblent grandir dans la pièce. Je prononce à répétition une incantation. La flamme semble exploser avant de s’éteindre complètement quelques instants et de redevenir le feu calme et réchauffant. Je me redresse et je me tourne vers lui. Je n’entends pas tout de suite sa question, les oreilles sifflent.

- Ta fille est en vie Aendel. Pour savoir où elle est il me faudra plus de temps… Mais elle est vivante…


Le cristal de mon front me fait mal et finit par moins briller. Je me sers une auge de potage. Je fais tourner la cuillère en bois dedans.

- J’étais l’Impératrice de « ceux qui étaient restés purs »… Auri-El m’avait imposé cette tâche… Gelebor et Vyrrthur étaient frères et garants de l’autel principal et devait accueillir les Pèlerins qui avaient fini de visiter tous les Sanctuaires. Je veillais sur les Elfes des Neiges qui choisissaient de rester… Quand les Trahis ont saccagé le Temple et tué tout le monde, notre enfant, Rigel également, Gelebor, qui était le chevalier paladin et mon… Amant, le père de Rigel… Il a eu un messager d’Auri-El, lui ordonnant de m’amener à un endroit où je serai en sécurité et où un nouveau Destin m’attendait… J’ignore toujours quel est ce destin… Quoiqu’il en soit… Il a obéi…

Je m’interromps, revoyant chaque instant de ce moment comme s’il n’avait pas plusieurs siècles…Notre dernière nuit avant le voyage qui devait m’emmener à une demeure provisoire. Il se cachait pour préparer le philtre qui devait me laisser comme morte pendant plusieurs années, il avait honte, et il avait peur. Je n’étais pas rassurée non plus, et je savais que plus jamais je ne le reverrai. Alors les secondes qu’on me laissait avoir avec lui étaient les plus précieuses au monde.

- Nous sommes arrivés au point que le messager avait désigné à Gelebor… Une sorte de cavité richement gravée dans les glaces éternelles du Nord. Une sorte de cercueil qui devait me protéger, et surtout… Que personne ne me trouve, jusqu’à ce qu’une nation elfique des neiges ne soit reconstituée… Mais comme tu le sais… ce n’est jamais arrivé…

Ce baiser, ce dernier baiser après avoir bu le philtre. Cette sensation de froid, engourdissante, les forces qui nous quittent, tout notre corps qui se ralentit avant de s’arrêter. Ce baiser que je voulais sans fin, ne pas sentir la vie partir, mais le corps qui fait ce qui lui plait, mes yeux qui se ferment, puis le noir… Total, impérieux, sans appel…

- Quand je me suis réveillée… J’étais au plus profond de la mer des fantômes. La banquise où je dormais avait intégralement fondu. J’étais allongée dans les profondeurs, légèrement lévitante dans une eau glacée et inhospitalière. J’ai pu garder mon épée et ma cape… Le reste est toujours posée au sol à une profondeur inatteignable… J’ai été prise dans un filet de pêcheur, et ma vie sur Skellige a commencé…

Aendel de Lillandril

Aendel de Lillandril
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Jeu 29 Juin - 1:47
Je l'ai blessée. Je le devine au regard soudainement glacial qu'elle m'adresse alors. Est-ce mon entêtement à vouloir trouver la sorcière humaine ? Ou peut-être ma condition de Psijique ? J'ignore ce qu'elle sait de notre ordre et quelle est la part de rumeurs dont elle a entendu parler. A moins que mon refus de son aide ne soit la raison de cette nouvelle distance. Je l'ai entendu murmurer, toute à l'heure. Mais lorsque Lethril reprend la parole, c'est un tout autre sujet qui semble l'avoir heurté. Elle semble avoir perçu la platitude de mes mots concernant la perte de son fils. Ses mots résonnent à mes oreilles et s'insèrent dans mon esprit. "Toi, tu as encore ta fille". Elle ignore que j'ai perdu deux enfants tout comme elle ne peut en connaître la raison mais cette méconnaissance est réciproque. Je ne sais rien des épreuves qu'elle a traversé, comment pourrais je me permettre d'avoir un avis ?

Un sentiment de honte s'empare de moi. Depuis mon éveil, je ne fais que m'apitoyer su mon sort. ma peur me pousse à agir de manière inconsidérée et je précipite ma propre chute, sans cesse ! Si Milwën est bien vivante, je lui dois de faire mieux que ça ! Du coin de l'oeil, j'observe Lethril qui s'est approchée du feu et débute ce qui me semble être une incantation. Je ne reconnais pas les mots qu'elle utilise mais le picotement typique qui caractérise la magie à l'oeuvre me chatouille le bout des doigts. Puis l'elfe des neiges se retourne. Il me semble que le cristal qui ceint son front a perdu de son éclat... Je pourrais même jurer que ses traits sont tirés. C'est alors qu'elle prononce ces mots : "Ta fille est en vie". Mon coeur loupe un battement avant de redoubler de vitesse. J'ignore à quelles forces elle a pu faire appel, nos rituels Psijiques demandent bien plus de matériel que de simples flammes et quelques formules, mais la certitude palpable dans sa voix m'empli moi aussi de confiance. Le doute n'est plus permis, je le sens au plus profond de moi et la douce lueur qui illumine ses yeux me le confirme. J'ai eu tort de douter de ses dons. Quel imbécile je fais ! Le soulagement qui me submerge me pousse à me redresser et je tente de me lever sur mes jambes tremblantes. Le mouvement réveille une douleur indicible dans mes côtes et l'espace de la pièce se met à tourner dans ma tête, m'obligeant a me rassoir de justesse pour ne pas m'effondrer. N'avais-je pas dis que je cesserait de me précipiter comme un enfant impatient pour favoriser mes chances ? J'ignore si Lethril l'a remarqué, toute occupée à se servir un bol de breuvage, mais elle n'émet aucun commentaire et je lui en suis reconnaissant. Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas senti aussi vulnérable et cette sensation me ramène à des souvenirs désagréables !

Comme si de rien n'était, Lethril se décide finalement à répondre à ma dernière interrogation. Sa voix retrace les derniers souvenirs de sa vie sur Nirn et je devine la peur qui devait l'habiter.

- Vous voulez dire... Que vous êtes restée endormie tout ce temps sur Nirn ?

Je suis abasourdit. Je ne peux qu'imaginer ce qu'elle a dû traverser, la profonde solitude qu'elle a du ressentir et la douleur de perdre les siens.

- Par les dieux, Lethril... Je suis terriblement désolé.

Cette fois-ci, mes mots sonnent plus justes. Je ne peux que compatir au sort de cette femme et je suis admiratif de la voir aussi droite et intègre après tout cela. Alors que je défile le cours de ses propos, le nom de Gelebor me revient soudainement en tête. Je l'ai rencontré il y a longtemps, celui que nous pensions tous deux être le dernier de son espèce. Gelebor m'a aidé après que j'aie après que j'aie condamné mon fils. Il l'a accueillit dans le sanctuaire d'Auri-El en dépit de ce qu'il était devenu. Il était en vie, à cette époque mais depuis, le Numidium a engendré le chaos. Les chances que l'elfe des neiges ait à nouveau survécu à l'extinction sont minces... Je décide pourtant de ne pas cacher la vérité à la jeune femme.

- Lethril, commençai-je d'une voix hésitante, j'ai rencontré Gelebor. C'était il y a longtemps... Votre amant a accepté de recueillir mon fils dans le sanctuaire d'Auri-El après que Molag Bal n'ait fait de lui un.. un vampire.






Lethril Ayelwen

Lethril Ayelwen
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Dim 9 Juil - 19:59
Lorsque je lui ai annoncé que sa fille était toujours en vie, j’ai senti la joie s’emparer de lui comme un tourbillon puissant. Je songeais au fait que même s’il avait foi en sa quête, il avait perdu foi en lui-même et en les dieux qui l’avaient abandonné. Pour moi, ils ne l’avaient pas abandonné, mais attendu le moment opportun de le ramener vers un chemin qui le mènerait vers le but.

La tempête émotionnelle dans laquelle il est emporté, l’amène à vouloir se lever, mais je n’ai pas besoin d’intervenir, son corps s’en charge et le rassoit presque immédiatement. Je ne dis rien, je reste là à boire la soupe encore fumante.

Il écoute mon histoire, ma longue histoire, que j’ai pourtant raccourcie à quelques bribes de souvenirs. Il semble captivé et il lui faut quelques instants pour réagir au fait que j’ai passé les derniers siècles dans une prison de glace. Seule.

- Oui… Je n’aurai plus rien reconnu de toute façon si on m’avait éveillé comme il était imaginé à l’origine. Mais il faut croire que les Dieux avaient prévu une autre vie ailleurs, pour moi ? Et même si j’ai perdu espoir de revoir, ne serait-ce qu’un survivant des « Purs », Il y a une partie de moi qui veut se l’imaginer… Il y a encore tant de continents dans ce vaste océan où aucun homme n’est encore allé… Alors pourquoi pas ?

Hier encore, Skellige et le Continent qui lui est rattaché pensaient être les seuls amas de terres habitées de leur océan. Bien qu’étant des pêcheurs et navigateurs chevronnés, il faut croire qu’ils n’étaient jamais allés assez loin pour découvrir d’autres terres, jusqu’à quelques années…

Quand il me dit qu’il a rencontré Gelebor, c’est à mon tour d’être abasourdi. J’en ai lâché l’auge de soupe fumante. Je me suis sentie trembler d’émotion. J’ai senti mes larmes monter, et je tente tant bien que mal de les ravaler…

- Gel…Gelebor ? Vous l’avez vu, vous l’avez rencontré ?

Des émotions confuses s’emparent de moi, la peur, la joie, le soulagement. S’il a survécu tout ce temps après ma disparition, alors peut-être que, même si cette rencontre doit dater de plusieurs décennies, il aurait pu peut-être réchapper au massacre du Numidium qui a balayé en un instant Nirn…

Quand il me parle du contexte, le pauvre enfant. Puisse t-il avoir trouvé la paix à son arrivée… Alors lui aussi il a perdu un enfant… Alors il peut comprendre. Tomber dans les griffes de Molag Bal c’est mourir et perdre son âme. Le pauvre garçon. J’espère que Gelebor a su le soulager…

- Je suis désolée pour ton fils Aendel… Vraiment… Je souhaite qu’il ait trouvé un peu de paix dans le Sanctuaire d’Auri-El… Je suis sûre que Gelebor en a pris grand soin… Il aimait sauver les âmes en peine ou perdues dans leur chemin…

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Une étrange rencontre [PV Aendel]

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